Du côté de chez Virginia (AM vintage basic 2012) Une jeune femme de la Belle Epoque.

Tout  a commencé au début des années 2000, lorsque, suivant le conseil d'une amie collectionneuse, j'adoptai ma 1ère AM. Elle était vendue d'occasion sur un forum. J'avais dû la payer autour des 35 euros. C'était une jolie "Basic" aux longs cheveux blonds vénitiens. Je l'ai prénommée Faye. J'allais lui créer une garde-robe bien fournie car elle m'inspirait énormément. De plus, pour moi qui ai cousu pour des femmes, une belle grande de 56 cms, ça se rapprochait de la "vraie" couture. Et de fait, je pouvais y aller à fond dans les détails. Elle est restée seule assez longtemps mais était souvent en compagnie de l'AM de ma tante une belle "basic" aux yeux verts et aux cheveux noirs.

En 2011, petite révolution dans le monde des AM : elles ont des yeux insérés bordés de longs cils, un teint de porcelaine, elles ont les poignets articulés sur des mains dont presque tous les doigts sont indépendants les uns des autres et ... elles portent des perruques amovibles ! J'ai donc adopté la "Basic wigged" avec la perruque auburn. Une splendeur.

Une autre AM ("Rio") plus tard, vint celle qui fit chavirer mon coeur et qui le consume toujours aujourd'hui : l'AM "Vintage Basic", sortie en 2012. Ce n'est un secret pour personnes que j'aime les tenues historiques et que j'adore en confectionner (même si ça prend un temps dingue). Voilà une AM vendue en combinaison chemise - culottes et portant corset. Il me la faut ! Et je l'ai eue, grâce à des amies et amis qui se sont cotisés pour me l'offrir. La belle s'est fait attendre pendant 1 an (retard de livraisons chez Tonner) !  Si bien que je l'ai baptisée Virginia Patience Désirée. Mais vous pouvez l'appeler Virginia (n'essayez pas un diminutif du genre "Gigi", elle déteste !)

Lorsqu'elle est arrivée, il est apparu évident qu'avant toute chose, il lui fallait un jupon !



Avant de prendre des photos plus artistiques, j'ai passé un bon moment à coiffer ses cheveux châtains pour enlever l'espèce de colle qui maintenait les boucles en place. J'ai ensuite relevé ses beaux cheveux en un volumineux chignon 1900. J'étais sur le point de défaillir tant elle était belle (elle l'est toujours autant mais je la découvrais). J'ai sûrement d'autres photos plus jolies sur mes clés USB, je chercherai.



En signe de bienvenue, une petite chose toute simple l'attendait et c'est Valentine (Basic Wigged de 2011) qui avait servi de mannequin.







Cette robe d'après midi, en plumetis de fin coton imprimé (un bonheur à travailler) avec sa guimpe (sorte de chemise de dessous, souvent à col montant, dans les années 1900) en guipure et son chapeau assorti. Je vous fait grâce des dizaines de photos que j'ai prise. Je vivais un moment d'extase !  

Tous les détails y étaient : une fine doublure et le tout bordé de dentelle. Inutile de dire que j'ai énormément travaillé à la main et que j'ai dessiné les patrons.



Une fois la guimpe ôtée, Virginia peut assister à un dîner entre intimes, avec cette robe d'après-midi devenue une "robe de petit dîner".
Et oui, on ne portait pas n'importe quoi à n'importe quel moment. Il y avait intérêt à ne pas se tromper de toilette ! Le soir est le seul moment de la journée où les dames peuvent arborer un décolleté et des bijoux autres que de simple perles. Ici nous somme au moment du dîner de famille, c'est différent : un sautoir de perles fait l'affaire et les gants ne sont pas nécessairement obligatoires (de toutes façons, j'ignorais encore comment les faire pour elle). J'ajouterais qu'avec cette robe printanière, relativement simple (pour l'époque), Virginia est jeune fille ("young Lady") de la bonne société qui a fait "son entrée dans le monde" (en vue d'être mariée, évidemment). Comme je vous le dis, tout était codifié. Vu la simplicité de sa toilette, on peut en déduire qu'elle n'est pas encore fiancée (car oui, ça aussi on pouvait le décrypter grâce à la tenue mais au moins, les jeunes gens savaient qu'une jeune fille était "disponible").



Que vous dire de plus sinon que Virginia ne possède plus cette toilette. Elle l'a très généreusement offerte à une cousine de l'Yonne, moins fortunée qu'elle. Moi, j'admirais mais je pensais : "Non, pas une aussi belle robe !"
Mais c'était ça aussi la Belle Epoque, pour les nantis. Les vêtements trop portés étaient donnés, souvent à la femme de chambre mais aussi à des personnes aux revenus plus modestes. Il faut dire que depuis lors, son statut a changé et sa garde-robe a évolué, elle aussi.

Vous découvrirez tout cela, progressivement.  

Virginia est somptueuse et sa robe d'une fraîcheur adorable !   Et que dire de tes belles photos dans le jardin, vraiment bravo ! C'est vrai que les AM ont quelque chose de plus...
J'ai hâte de voir la suite.

Magnifique

Waouh!!! Quelle splendeur!
Bravo pour tous les fins détails de sa tenue!
Cela me donne envie de sortir mes AM. Bon, ce sera possible dès que j'aurai déménagé, si j'arrive enfin à signer pour l'achat de ma maison dans le Morvan.

C'est très beau, très frais, Virginia est magnifique !

La seconde toilette que j'ai créée pour Virginia est un ensemble de mi-saison, offert en même temps que sa 1ère robe à la même cousine de l'Yonne. Virginia est généreuse mais son couturier doit suivre !  

Il s'agit d'un ensemble de mi-saison pour le printemps, en coutil ivoire, bordé d'un galon en soie, ancien. La veste est  courte et s'ouvre sur un chemisier brodé dont les manches se ferment par des pressions (elle a les mains larges, comme toutes les AM de cette génération). Il s'agit d'un ensemble "Pour la ville" ou une tenue de promenade, la jupe n'est donc pourvue que d'une toute petite traîne et l'ourlet est un chouya plus court. Une ceinture souligne la finesse de la taille, un noeud papillon est accroché au col (il est amovible) et un chapeau assorti à l'ensemble est évidemment indispensable. L'ombrelle et les grants sont aussi essentiels.

En ce tout début du 20ème siècle, on commence à penser à une mode pratique (toujours selon les critères de l'époque, bien entendu.) On affectionne les tenues qui peuvent se combiner en mélangeant les corsages et les jupes. J'ai revu dernièrement le magnifique film "A room with a view" ("Une chambre avec vue") de James Ivory, réalisé en 1985. L'action se situe en 1905 et l'on voit l'héroïne : la jeune Lucy Honeychurch portant des toilettes qui se mélangent pour devenir tantôt des robes, avec le corsage assorti à la jupe, tantôt un autre corsage sur la même jupe. Ainsi, avec quelques jupes et quelques corsages, on peut avoir une grande variété de tenues pour différentes occasions.

Je vous mets le lien vers la bande annonce de ce magnifique film que j'ai eu la chance de revoir à Florence même, en 1993.

https://www.youtube.com/watch?v=vu5CWVSO67Q

Et l'ensemble de Virginia











Pour demeurer à l'intérieur, si elle n'attend pas de visite, Virginia peut conserver cette tenue. Elle ôte la veste et le chapeau et orne sa coiffure d'un gros noeud. Il est de bon ton de tenir un mouchoir ouvragé entre les mains.





Voilà pour aujourd'hui.

Très belle tenue romantique... J'aime beaucoup la dernière photo avec le miroir...  

Tu me fais rêver!! C'est magnifique!

Magnifique! Les tenues sont dignes de cette beauté.

Quelle jolie façon de nous contait la mode de ce temps là et quelle merveille que cette jeune fille .
Heureuse de découvrir peu à peu , l’ histoire de sa garde robe

Superbes toilettes pour ta magnifique AM

Coucou Christophe! Quelle beauté cette AM, j'ai toujours désiré l'acheter, mais  elle m'a toujours échappé! Tu lui as fait une splendide coiffure, qui me ramène à mon époque préférée! Et la robe (que je connaissais déjà) lui va à la perfection! Bref ce sont des photos de rêve!

magnifique! et ce mot n'est pas assez fort pour te dire mon admiration!

Bonjour Christophe,
J'adore ton lyrisme en parlant de tes poupées plus précisément de Virginia. Je comprends qu'elle ne supporte pas des petits surnoms, Madame a trop de classe. Cette American Model Vintage est l'une des plus belles que Tonner a crée.
Tes tenues sont merveilleuses, les détails délicats des robes et les décors sont un enchantement pour les yeux.
Mes compliments!!

Un tout grand merci pour vos si gentils commentaires et votre enthousiasme qui me fait plaisir. C'est vrai que Virginia est divine et mérite d'avoir de belles tenues.

Elle est très belle ton AM, le choix de l'époque est bien choisie car elle s'y prête très bien, les costumes que tu as fait pour elle sont magnifiques et super bien ajuster et la coiffure est d'un réalisme surprenant, je te dis un grand bravo !

Merci beaucoup Axelle.


La robe que je vous présente aujourd'hui a été commencée, laissée de côté, envisagée avec la jupe seule. Il en est de même pour quasi toutes les toilettes de Virginia tant elles demandent du temps et de la patience. Ce type de tenue ne s'expédie pas en 2 heures !

Il faut savoir que les robes de l'époque étaient presque toutes en 2 parties : corsage et jupe séparés. Les robes à ligne "princesse" existaient depuis 1866. La ligne a été appelée "princesse" car la 1ère robe de ce type aurait été confectionnée pour la princesse de Metternich.
Toutefois, on préférait les robes en 2 parties distinctes. Il y a une explication à cela, en dehors de l'aspect technique, c'est que l'on connaissait les robes dites "à transformation". Elles avaient une seule et même jupe mais un corsage pour le jour et un pour le soir. Il faut imaginer le métrage de tissu nécessaire à la confection d'une jupe même lorsque la mode de la crinoline fut passée. Il y a eu les tournures, les drapés, les sur jupes,... Il était beaucoup plus aisé de changer seulement le corsage. A l'époque de Virginia, il en était toujours ainsi même si la mode s'était considérablement simplifiée, ce qu'elle allait continuer de faire, comme on le sait.

Cette toilette d'été, en voile de coton et empiècement de broderie anglaise est une robe "d'après-midi" mais un peu habillée. Pas assez que pour être une tenue de réception mais assez que pour se promener en public avec  son prétendant (lorsque le dit prétendant deviendra le fiancé, Virginia pourra arborer une toilette plus riche et plus recherchée.) Et qui dit prétendant implique le chaperon, qui veille, pas toujours discrètement, à ce que les jeunes gens se conduisent bien. Une fois les fiançailles officialisées, le chaperon sera laissé à l'appréciation des parents de la jeune fille).

En attendant le jeune homme qui fait battre son coeur, Virginia se promène dans le parc de la résidence citadine. Elle porte le chapeau assorti, a préparé une ombrelle et a complété sa toilette d'un châle (ancien) en dentelle. Il ne lui restera plus qu'à enfiler ses gants lorsqu'il sera l'heure de sortir en public.
















Photos de détails. Chaque fleur a une perle en guise de coeur. Ca m'a pris un temps fou mais c'est représentatif du raffinement de l'époque.





Voilà pour aujourd'hui !

Je découvre le sujet aujourd'hui mais chapeau pour ces créations, ce sont de pures merveilles sans parler de la poupée qui les porte à ravir (d'ailleurs j'adore les tenues d'époque (de tout ce qui date d'avant 1900 d'ailleurs, ) et ici les tonner sont typiquement les modèles parfaits pour ce style Belle Epoque)

Au passage, j'aime aussi beaucoup lire les détails que tu mets dans tes publications, ça donne toujours un aperçu des coulisses derrière ces créations et ces photos et c'est super intéressant je trouve !

waouh très belle tenue
j'adore le chapeau mais comment diable tu l'as fait il semble que tu ais pris du ruban blanc plusieurs fois replié
bravo mille bravo tu as vraiment du talent et ta demoiselle est ravissante!

Merci Romydoll et Melle, c'est gentil.

Romydoll, j'adore les tenues historiques. Bien sûr j'ai mes périodes de prédilection mais j'aime l'histoire du costume en général.

Melle, concernant le chapeau, il s'agit d'un "ruban de paille pour chapeau qui doit dater des années '50. Il s'agit d'une paille large entrelacée avec une paille plus fine. On coud au fur et à mesure que l'on donne une forme et ainsi naît le chapeau. j'ai ensuite cousu à la main un biais de satin bleu. Je ne me rappelle plus si j'y ai glissé un fil de fer, je vérifierai. C'est ce que je fais en général. le fil de fer permet de "modeler" le chapeau à sa guise.

Lorsque je créais des costumes de théâtre pour une troupe dans laquelle je jouais (car j'ai également été comédien ) j'avais reçu une grande quantité de fournitures diverses et variées donc cette paille que j'ai également en beige.

merci de ces explications, je renouvelle mon admiration pour tes créations mille bravo!

Bravo pour la confection superbement réalisée de cette toilette de Virginia, choix des tissus, doux coloris, et le travail de son chapeau

bravo, tout est magnifique

C'est un enchantement...

Raffinée et portée par un très joli mannequin.